Saint-Martin se préparait à célébrer les 20 ans de sa réserve naturelle et n’avait pas invité Irma à se joindre aux festivités.
En quelques heures, les vents de près de 360 km/h de ce cyclone sans précédent ont réduit à néant les fruits de 20 ans de travail.
Pour notre patrimoine naturel, les dégâts sont considérables. Les mangroves ont été anéanties.
Les fonds marins et notamment les coraux, qui souffraient déjà des effets du changement climatique, ont été ruinés. Une multitude de déchets, emportés par les éléments, pollue l’ensemble des espaces protégés du littoral et des étangs.
Les aménagements mis en place ces dernières années n’existent plus ou sont très endommagés :
- l’observatoire des baleines au Galion,
- 4 observatoires aux oiseaux, 2 sentiers dans la mangrove,
- des dizaines de panneaux informatifs,
- 5 carbets, 8 bouées de délimitation,
- une trentaine de bouées de mouillage,
- un radeau de nidification,
- un sentier sous-marin,
- un embarcadère,
- des pépinières de coraux,
- des habitats artificiels sous-marin,
- des chantiers de reboisement du littoral...
La Maison de la réserve, à Anse Marcel, a été inondée et deux véhicules, heureusement assurés, sont hors d’usage.
Il n’existe malheureusement pas d’assurance pour les espaces naturels et les dégâts sont estimés à près de 850 000 euros pour les seuls aménagements.
Plus de la moitié du budget de la réserve repose sur sa capacité à s’autofinancer à hauteur de 470 000 euros par an, grâce aux activités économiques et écotouristiques autorisées à travailler sur ses plus beaux sites.
Il est clair que la fréquentation touristique sera inexistante fin 2017 et quasiment nulle en 2018.
Cet autofinancement sera réduit à néant, alors que la réserve a besoin plus que jamais de fonds pour réhabiliter son patrimoine mis à mal.
L’île de Tintamare, l’Ilet Pinel, le Rocher Créole, la baie du Galion, Petites Cayes et Wilderness étaient les joyaux naturels de Saint-Martin et de sa réserve naturelle, les derniers espaces protégés de la partie française, chers à la population de l’île et à ses visiteurs.
La dégradation de ce patrimoine naturel a ainsi de lourdes conséquences sur l’écotourisme, les activités nautiques et l’activité économique en général.
Pour autant nous ne baissons pas les bras.
Il s’agît désormais de nettoyer les espaces terrestres, marins et lacustres.
Les aménagements, l’ensemble des équipements détruits ou endommagés ainsi que les espaces d’accueil du public seront remis en place grâce au soutien financier du Conservatoire du littoral.
Nous y travaillons déjà.
Dans le même temps nous proposerons dès cette semaine grâce au soutien financier de l’Agence française de la biodiversité des actions innovantes de reconquête de la biodiversité et de restauration écologique en mer, à terre et pour les espaces lacustres.
Seul et sans moyens, la tâche serait colossale… L’observatoire aux oiseaux à Cul-de-Sac
- Impossible.
Les dégradations et les destructions ont été violentes lors du passage d’Irma pour les biens des personnes et la population de Saint-Martin.
Pour la biodiversité de l’île, le pire est à venir pour de nombreuses espèces si nous n’intervenons pas dans les meilleurs délais pour restaurer les habitats naturels :
- la végétation du littoral essentielle pour les tortues marines pendant la saison de ponte
- les mangroves et les espaces lacustres,
- nurseries pour les espèces marines et site de repos et de nourrissage pour plus de 50 espèces d’oiseaux dont certaines en voie d’extinction
- les habitats marins notamment les coraux et les herbiers indispensable à la vie marine dans notre région.
par l’intermédiaire du site gofundme
https://www.gofundme.com/reserve-naturelle-stmartin-vs-irma
Afin de compléter ces aides.
Pour finir, nous étions à la veille de déposer l’autorisation du permis de construire de l’Institut Caribéen de la biodiversité insulaire.
Aujourd’hui, les préoccupations de tout à chacun vont à l’urgence et aux rétablissements de notre mode de vie.
Pour autant, nous continuons sans relâche de promouvoir la réalisation de l’Institut qui apparaît aujourd’hui comme le symbole de la reconstruction de Saint-Martin qui se doit d’être exemplaire, innovante et respectueuse des spécificités géologiques, géographiques et climatiques de notre région.
L’Institut caribéen de la biodiversité insulaire de Saint-Martin est plus que jamais d’actualité après les dégâts causés par les passages d’Irma et de Maria, au regard des thématiques qu’il se propose de développer en matière de lutte contre les effets du changement climatique, de reconquête de la biodiversité, de recherches scientifiques, de préconisations en matière d’urbanisme, de développement et d’aménagement du territoire, de stratégie touristique…
Il y a un avant Irma et il y aura un après Irma. Notre avenir, celui de Saint-Martin et de sa population dépend désormais de nos choix.
Mes plus vifs et chaleureux remerciements vont à l’Agence française de la biodiversité, au Conservatoire du littoral, au ministère de l’Écologie, à Réserves naturelles de France, à tous nos soutiens et nos autres partenaires.
Nicolas Maslach,
Directeur de la Réserve naturelle de Saint-Martin