Selon une étude du US Fish and Wildlife Service, les ornithologues amateurs ont apporté 36 milliards de dollars à l’économie américaine en 2006, et un cinquième (20%) des Américains sont identifiés comme des ornithologues. Ailleurs, dans le parc national turc de Kuşcenneti, un site identifié Ramsar en Turquie - comme Saint-Martin - attire des ornithologues amateurs du monde entier et représente des revenus directs et indirects de plus d’1 million de dollars par an. Les visites guidées y sont devenues une activité majeure, avec au moins 127 entreprises proposant des visites dans le monde entier. Sachant que l’avifaune recensée sur les étangs de Saint-Martin comprend plus de 85 espèces d’oiseaux, cette abondance et cette richesse amènent naturellement la Réserve naturelle et le Conservatoire du littoral à promouvoir une conservation de ces espaces et de ces espèces, à travers des aménagements adaptés dans chaque site pour l’accueil du public. L’idée, en l’absence d’une stratégie touristique autre que balnéaire à Saint-Martin, est de proposer un développement de l’écotourisme à travers le birdwatching, pour lequel Saint-Martin détient un formidable potentiel dans toute la Caraïbe. Pour cela, il est nécessaire en parallèle d’accroître la protection des espaces lacustres en les aménageant, notamment afin d’encadrer les activités anthropiques. Dans un contexte post-Irma dans lequel chacun s’accorde à dire qu’il est nécessaire de repenser notre modèle de développement, les espaces lacustres de Saint-Martin, outre leur intérêt patrimonial, apparaissent comme l’ouverture de l’essor de l’écotourisme à Saint-Martin. La Réserve estime à 1,6 million d’euros le budget nécessaire à la reconquête des étangs.
Birdwatching : un riche potentiel pour Saint-Martin
Èchasse d’Amérique Black-necked stilt © Julien Chalifour
Les étangs de Saint-Martin, pourtant zone tampon entre le milieu terrestre et le milieu marin, sont encore trop souvent considérés comme des lieux insalubres. Leur image négative, conjuguée aux difficultés foncières facilitant leur destruction, est en partie à l’origine de cette désastreuse évolution. L’ensemble des espaces lacustres de Saint-Martin a été impacté par la violence des vents de l’ouragan Irma. Les mangroves sont quasiment détruites, la végétation littorale a disparu, arrachée par la violence des rafales. L’impact sur la biodiversité animale marine et terrestre est difficilement quantifiable, mais il est certain que la disparition des habitats et des écosystèmes aura un impact fort à court, moyen et long terme sur le stock et la production globale de biodiversité animale et végétale. Les actions de reconquête de la biodiversité sur les espaces lacustres permettront dans le futur de minimiser ces impacts et d’en atténuer les effets sur la biodiversité de manière générale.