Le conservateur de la Réserve, Nicolas Maslach, accompagné de Julien Chalifour, responsable du Pôle scientifique ont participé en Guadeloupe à une visioconférence avec le ministère de l’environnement. L’ordre du jour était consacré à l’avancement du Plan national de restauration des tortues marines et à ses actions, en présence de la DEAL Guadeloupe (Direction de l’environnement) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), responsable du suivi de ce plan dans les Antilles françaises. De l’autre côté de l’Atlantique, dans leur bureau de La Défense, un représentant du ministère et des spécialistes des tortues marines ont écouté Éric Delcroix, chargé de mission tortues marines à l’ONCFS en Guadeloupe, exposer les travaux réalisés. Ce plan de restauration comporte des actions de sensibilisation, des actions de police et de lutte contre le braconnage, la promotion de techniques de pêche alternatives limitant les prises « accessoires » de tortues, des actions visant à impliquer les pêcheurs, l’édition de supports de communication et enfin le suivi des échouages de tortues en difficulté (lire l’article page suivante). Un suivi des activités anthropiques sur les sites de ponte est également réalisé qui prend en compte la qualité des sites, la circulation des véhicules, l’éclairage, la végétation… Concernant Saint-Martin, nos représentants ont exposé les difficultés propres à notre île, telle la pérennisation du réseau d’écovolontaires, composé en grande partie d’enseignants qui malheureusement partiront vers d’autres horizons à la fin de leur contrat. Ils ont aussi présenté le projet de création d’un centre de premiers soins pour les tortues accidentées à Saint-Martin. Cette structure permettrait de faire les premiers diagnostics, de stabiliser l’état de santé des tortues blessées, de les suivre pendant leur convalescence avant un « relâché » dans le milieu naturel.
Tuée par une hélice
Le 20 mars 2013, une tortue verte accidentée a été secourue à Marigot par l’équipe de la Réserve et Claire Saladin, vétérinaire, grâce à la vigilance des passants et des employés de la Marina Fort Louis. Cette tortue juvénile – âgée de moins de 25 ans – présentait la trace d’une violente collision avec deux hélices. Sa carapace fracturée laissait apparaître une plaie béante. Malgré les soins prodigués par l’équipe mobilisée, «Marigot» décédera par arrêt cardiaque la semaine suivante. Cet accident ne lui a laissé aucune chance de se reproduire et cette perte est inestimable lorsque l’on sait que moins d’un oeuf sur mille permet à ce reptile en danger d’extinction d’atteindre 25 ans, âge auquel elle pourra « enfin » se reproduire et pondre sur nos plages.
Vitesse limitée, tortue protégée
La présence côtière des tortues marines et le développement du nautisme à Saint-Martin ne sont pas sans risques. Ces reptiles bien qu’aquatiques restent munis de poumons, qui les obligent à venir respirer en surface. C’est là qu’ils sont le plus vulnérables face aux risques de collisions. Réduire sa vitesse à proximité des côtes, c’est garantir la sécurité de son embarcation, des autres usagers, mais aussi de nombreux animaux fréquentant nos côtes: baleines, dauphins, oiseaux et tortues. La réglementation est d’ailleurs très claire : dans la bande des 300 mètres, la vitesse de tout engin est limitée à 5 noeuds, soit environ 9 km/h. Trois espèces de tortues marines fréquentent les eaux de Saint-Martin. Tortues vertes, imbriquées et luth s’y alimentent et se reproduisent annuellement de mars à octobre.
En cas de collision ou d’observation d’un individumort ou accidenté, merci d’appeler immédiatement la Réserve naturelle de Saint-Martin (05 90 29 09 72 / 06 90 34 77 10), responsable local du réseau d’échouage tortues marines, afin qu’une intervention puisse s’organiser. Aucune poursuite ne sera conduite envers les personnes responsables de la collision. N’essayez pas de manipuler l’individu. Pensez à communiquer les informations clés : nombre d’individus, localisation précise, heure de la dernière observation, absence ou non de mouvement, lésions visibles ou non et vos coordonnées. Tout signalement peut contribuer à sauver une tortue. Nous comptons sur vous !