Déjà fragilisé par l’usage des ancres, le gardemanger de nos chères tortues vertes est depuis ces dernières années envahi par une espèce introduite, qui fait l’objet d’une étroite surveillance.
Trois scientifiques américains, dont le Docteur Jeremy Kizska, étaient présents du 6 au 12 novembre à Saint-Martin, pour travailler sur les interactions entre tortues vertes, qui se nourrissent sur les herbiers, et Halophila stipulacea. Cette espèce invasive a été introduite par l’intermédiaire des ancres et des eaux de ballastes de bateaux et grignote peu à peu de l’espace dans l’herbier sous-marin, où elle entre en compétition avec Syringodium et Thalassia, les deux espèces natives. Originaires de l’Université internationale de Floride, ils ont été reçus par la Réserve naturelle, qui a elle-même mené une étude sur cette espèce en 2014. Les trois universitaires planifient leur mission sur deux ans et seront de retour prochainement sur notre île. Ils cherchent à estimer la densité des tortues vertes et à étudier leur comportement alimentaire au sein des zones d’herbier ciblées. En clair : comment réagissent les tortues face à l’installation de cette nouvelle espèce? Leur intention est d’équiper certaines tortues de GPS et de caméras sous-marines, afin de savoir ce qu’elles choisissent comme aliment, si elles les choisissent, ou si elles ont plus tendance à happer ce qui passe à leur portée. Ils attendent l’autorisation de la DEAL pour prélever divers échantillons sur les tortues, afin de mieux connaître leur régime alimentaire grâce aux analyses isotopiques. À Tintamare, ils ont pour l’heure échantillonné l’herbier pour le cartographier, et ont procédé au comptage des tortues présentes à différentes heures de la journée.