La mission de déploiement de balises sur des baleines à bosse dans les Iles du Nord est terminée depuis le 3 avril dernier, mais elle ne fait que commencer. Sur les 8 balises posées, la plupart ont émis pendant plusieurs jours et 3 continuent d’émettre aujourd’hui. C’est une réussite si l’on considère le comportement actif de cette espèce pendant la saison de reproduction. La première balise posée émet depuis 25 jours et les déplacements de cette baleine et de son baleineau -baptisés «Soca and Joy» par les enfants de Saint-Martin- ainsi que ceux des autres baleines équipées, améliorent déjà les connaissances des comportements de cette espèce pendant cette saison. Parmi les résultats importants d’ores et déjà constatés, l’idée selon laquelle chaque île «posséderait» un groupe de baleines spécifique est remise en cause. Les déplacements d’île en île des 8 baleines tagguées montrent en effet que certaines ont déjà parcouru plus de 1700 km en passant par les Îles Vierges Américaines et le Silver Bank, tandis que d’autres vont et viennent entre Saint-Martin, Saint-Barth, Saba, Saint-Eustache, Barbuda et Saint-Kitts… De même qu’il est confirmé que les baleines à bosse ne sont pas seulement «de passage» dans les Iles du Nord, comme l’indiquent les chants des mâles, la présence de femelles et de leurs baleineaux âgés de quelques jours rencontrés à plusieurs jours d’intervalle et des groupes de mâles poursuivant des femelles. Tous ces comportements nous montrent aujourd’hui que nous sommes bien dans une zone de reproduction active, et bien sûr transfrontalière. Les résultats de cette mission sont plus que prometteurs, si l’on ajoute les 12 biopsies et les 12 photographies de caudales, qui seront analysées et comparées avec les banques de données existantes. Il est ainsi essentiel de mettre en place une stratégie de coopération régionale visant à renforcer les actions de conservation de cette aire de reproduction. Les îles néerlandaises de Saint-Eustache et de Saba feront dans un futur proche l’objet d’une «sanctuarisation» de leurs eaux, en vue d’atteindre une meilleure protection des mammifères marins et notamment des baleines à bosse. Un renforcement des liens avec l’île d’Anguilla est souhaitable, dans le cadre des relations entre Saint-Martin et Anguilla. À terme, un jumelage du sanctuaire Agoa, de celui des îles néerlandaises et des eaux d’Anguilla permettrait d’envisager une stratégie commune de conservation et d’actions scientifiques sur l’ensemble de l’aire de reproduction des baleines à bosse des îles du Nord des Petites Antilles. Au-delà de l’aspect scientifique, cette mission a aussi rassemblé tous les gestionnaires des aires marines protégées des Iles du Nord et fait intervenir des spécialistes de Mayotte, du Danemark, de la Guyane, des Etats-Unis, des Pays-Bas. Nicolas Maslach, directeur de la Réserve de Saint-Martin, initiateur et porteur de ce projet, remercie l’ensemble des partenaires techniques et financiers: le CAR-SPAW, l’Agence de l’environnement de Saint-Barthélemy, les autorités d’Anguilla, le Marine Park de Sint-Maarten, les autorités néerlandaises de Saba et de Saint-Eustache, sans qui cette mission n’aurait pu se réaliser, ainsi que les membres de l’association «Mon Ecole, ma baleine» pour la qualité de leur intervention dans plusieurs classes de Saint-Martin. Fort de la réussite de cette mission, Nicolas Maslach organise d’ores et déjà la mission MEGARA 2015.
Aujourd’hui, il est possible de suivre la route de ces baleines sur la page facebook de la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin ou sur le site www.seaturtle.org/tracking/index.shtml?project_id=979.
Le 26 mars, la Réserve a invité le public à découvrir le projet Megara au cinéma de Sandy Ground grâce à un film d’une trentaine de minutes tourné à Mayotte en 2013. L’événement a été organisé avec l’aide du Rotary Club, qui s’est chargé de la communication et de la vente des tickets d’entrée, et plus d’une centaine de personnes ont répondu à l’appel.